La campagne requins en alexandrins

texte de Corinne Lemarigner, photos BD :


je crois qu’il faut au moins de beaux alexandrins
pour raconter les faits, ou plutôt les exploits,
que quelques militants ont commis ce matin
avec leurs fiers drapeaux voletant dans le froid.
Sur la place Jean Jaurès, nous fûmes accueillis
par toute une patrouille de police avertie
par la presse locale et les informateurs
qu’une manif énorme démarrait à 10 heures.
Nous étions 5, comme eux, et pûmes leur expliquer
pourquoi de l’éléphant nous soutenions le thé.
ATTAC lançait ce jour partout dans le pays
une campagne de pêche au gros requin pourri.
Comme cet Unilever ou multinationale
qui dévore les usines et trahit ses filiales
ou comme BNP qui, pour faire du profit,
faire gonfler les avoirs de notre oligarchie
a ouvert des comptoirs aux îles Caïmans
pour reverser très peu dans le trésor public
le même qui la sauva et garantit le fric
qu’avec quelques consoeurs elle s’amusait à jouer.
Ne voulant en parler, ce matin, avec nous
elle avait préféré fermer tous ces verrous !
Nous n’avons pu parler qu’avec ses affiliés :
certains ont ronchonné de trouver porte close
mais la plupart soutiennent que c’est une bonne chose
de dire enfin son fait à tous ces financiers
qui continuent la course, la course au moins disant
pour être le premier à trouver de l’argent.
Serait-ce comme le vélo ? si tu t’arrêtes tu tombes ?
si tu te dopes pas, tu vois passer les trombes ?
tout ça pour raconter qu’ avec 10 militants
ce matin, à St go, c’était « fermez le ban » !
Beaucoup plus courageuse, Société Générale
ouvrait à ses clients et sortait, discutait
sous l’oeil vigilant, devant la succursale,
d’un vigile musclé prêt à tous les dangers.
Car, s’il faut les nommer, pour mieux s’imaginer,
il est sûr que Solange, Josette, Bernard et Claire,
ou même Marie-Paule, Mireille et Jacques et Pierre
sont de terribles tueurs, de dangereux fieffés
qui n’en ont pas fini de rire et raconter
en mangeant des biscuits, en buvant du rosé
du pain et du boudin offert par les Casties
qu’il est bien surprenant de voir tous ces complices
réagir aussi fort face à 11 citoyens
bien décidés c’est vrai à dire bien haut fort bien
qu’il faut se révolter, refuser leurs produits
revenir par ici et payer en épi
de touselle locale le bon pain, le fromage
les poulets et les choux, et que c’est le plus sage !